voilà l’invitation des Yeux de la Ville. Des ateliers de télévision nous en avions fait beaucoup, dans des théâtres, des écoles, des centres de loisirs. Jusqu’ici nous n’avions déployé notre studio qu’en lieux clos que nous ouvrions au public au moment de l’émission en direct. Emporté par notre enthousiasme nous avons accepté l’offre des Yeux de la Ville tout en nous demandant quelque temps plus tard si nous n’étions pas fous. Fous de déballer dans la rue notre outil de travail, ce studio difficilement constitué au fil des ans. Fous d’exposer toute cette technologie aux intempéries. De plus, créer une émission de télévision exige, de la part des jeunes, beaucoup de concentration, comment pourrons-nous l’obtenir dans l’espace ouvert de l’agitation urbaine. Lorsque j’entraîne les jeunes à la présentation de l’émission, nous nous isolons. Comment oseront-ils parler dans un micro, révéler leurs maladresses, recommencer et recommencer encore, alors qu’inévitablement les gens de la rue s’attrouperont autour d’eux ? J’étais pleine de doute et je me demandais si nous n’avions pas accepté trop rapidement un projet totalement irréalisable.
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